Les arrestations effectuées par les forces de police italiennes et américaines de part et d'autre de l'Atlantique (81 personnes appartenant aux clans mafieux Inzerillo et Gambino ont été interpellées jeudi 7 février) marquent le «début de la fin» pour la mafia, estime l'écrivain sicilien Andrea Camilleri dans le quotidien La Stampa. Ce coup de filet sans comparaison au cours des vingt dernières années «frappe pour au moins deux raisons».
«Il est ainsi démontré de façon non équivoque que les liens étroits entre la mafia sicilienne et l'américaine, dont on a longtemps pensé qu'ils étaient rompus, n'ont en réalité jamais cessé d'exister. Ils faisaient tout au plus partie de cette politique d'immersion, de navigation à hauteur de périscope, créée et voulue» par l'ancien parrain Bernardo Provenzano, arrêté en 2006. «Une action conjointe d'une telle ampleur de la part des forces de l'ordre est une nouveauté absolue, jusqu'ici inimaginable.»
Ce qui frappe également, selon Andrea Camilleri, c'est «le nombre important d'arrestations de mafieux, à commencer par le chef Salvatore Lo Piccolo, effectuées en Sicile en l'espace de quelques mois. Je suis sûr qu'un bon coup de pouce à ces arrestations a été donné par cette sorte de révolte civile promue par la Confindustria sicilienne [équivalent du MEDEF], qui a mis à l'ordre du jour l'exclusion des adhérents qui acceptent de se soumettre au racket» de Cosa Nostra.
«Certes, avant la Confindustria, il y a eu et il y a toujours des organisations antiracket courageuses, mais la prise de position ferme des entrepreneurs siciliens a eu un impact bien plus important. À cela il faut ajouter l'action entreprise au quotidien par certains maires, afin de combattre à visage découvert la mafia dans leurs villages respectifs. Giovanni Falcone, le juge antimafia assassiné avec son escorte en 1992, avait dit un jour qu'étant donné que la mafia est constituée de personnes elle était destinée à finir un jour, comme tout ce qui est humain. Peut-être que les événements de ces derniers jours commencent à marquer le début de la fin. Une agonie qui sera longue et pleine d'embûches, mais je souhaite que le processus soit désormais irréversible.»
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Pour moi, il est évident que la lutte anti-mafia marque un point énorme mais la Pieuvre est extrémement difficile à éradiquer, en témoigne toutes les opérations anti-mafia, certes fructueuses et nombreuses, mais qui n'ont pas tué Cosa Nostra (de nombreux clans sont encore présents en Sicile, et de gros mafiosi sont encore en liberté chez Cosa Nostra comme Messina Denaro notamment)... Vous qu'en pensez-vous ?